Je vous fais part à travers cet article de faits réels afin de dénoncer plus que jamais cette hypocrisie qui existe dans la société africaine lorsque certaines personnes sont confrontées à des cas de viols ou autres, provenant d’un des membres de leurs familles, comme d’un quelconque individu de leur entourage.
Pourquoi beaucoup cherchent à protéger certains lorsqu’ils font du mal aux autres, en obligeant la victime à fermer les yeux sur ce qui s’est passé, et à ne surtout pas porter plainte ?
Au Sénégal, on parlera de Soutoura ( c’est à dire que la victime doit garder secret ce qui lui est arrivé, pour sauver l’honneur de la famille, parce qu’il s’agit de son oncle ou parfois de son propre père ). Et dans ces cas- là il ne faudrait surtout pas ébruiter l’affaire, car cela reste tabou.
Elle devra ainsi vivre avec cette profonde amertume, ces séquelles qui la détruiront à petit feu. Des blessures qui ne se refermeront jamais, qu’importe le nombre d’années qui passent, car ce sont des choses qui ne peuvent pas s’oublier, qui touchent sa dignité.
Selon Pressafrik, rien qu’ en 2016 déjà, le Sénégal enregistrait 516 cas d’incestes.
Un chiffre que je trouve très alarmant et qui me donne froid dans le dos !
Je vais vous parler tout d’abord d’Aissatou, cette jeune femme qui a aujourd’hui 28 ans qui s’est faite violée très jeune par son oncle maternelle, son calvaire durera près de 7 ans, car il continuera à le faire pendant tout ce temps.
Bien que l’épouse de celui-ci était au courant de cette histoire sordide, à vomir même ( je dirai ) elle lui avait demandé de ne pas en parler, comme il s’agissait d’une histoire de famille.
Venons à présent au cas de Maimouna, qui après le décès de sa mère est partie vivre chez son oncle alors qu’elle avait 11 ans.
Au fur du temps, il lui faisait souvent des remarques, en lui disant qu’elle commençait à devenir une femme, qu’il fallait bientôt qu’on commence à lui acheter des soutiens gorges et lui palpait les seins pour soit-disant (vérifier la taille qui lui conviendrait ).
A cet age elle ne prenait pas vraiment conscience de ce qu’il faisait !
Il lui arrivait également par la suite, qu’il lui dise de lui faire des massages ( en l’absence de sa femme ) au niveau du dos, et c’est à partir de là qu’il a commencé à abuser d’elle.
Dès ce moment sa vie à commencer à devenir un véritable calvaire, car au moment où elle avait décidé d’en parler aux autres membres de sa famille, notamment ses tantes, elles avaient préféré renverser les rôles en l’accusant elle, d’avoir séduit son oncle.
Des tantes qui au fond savaient pertinemment ce qui se passait, mais étant donné qu’elles venaient de milieux très modestes et que cet oncle aisé leur donnait donc souvent généreusement de l’argent, elles avaient fait le choix de prendre son parti ( lui, le coupable, celui qui avait gâché la vie de leur nièce ).
Ce qui n’avait l’air de leur faire ni chaud ni froid !
Comme quoi, l’argent peut acheter le silence !
Il y aussi la triste histoire de Fina, violée par son voisin alors qu’elle n’avait que 8 ans, finalement décédée suite à cela.
Lorsque sa mère avait décidé de porter plainte, la famille de celui-ci lui avait supplié de ne pas le faire afin que cela ne se sache pas, pour une question de Soutoura ( une fois de plus ! ).
Venons-en à présent aux violences conjugales !
En Afrique, particulièrement au Sénégal, il y a beaucoup de sujets dont il faut éviter de parler, parce qu’ils restent tabous, ce qui reste pareil lorsqu’on vit des situations difficiles dans son couple.
Beaucoup de femmes font face à une violence conjugale, mais n’en parlent pas, parce que tout simplement dans cette société, la femme est formatée de sorte qu’elle doit apprendre à tout supporter : «Mougne », comme on le dit si bien en langue wolof , au point que même si son conjoint la bat, la rue de coups, elle ne doit pas en faire part aux autres, mais surtout : ne pas porter plainte. Il faut tout supporter, rester dans son ménage à cause de ses enfants.
Il y a une expression wolof que j’ai essayé de traduire en français qui dit ceci : « Il est préférable d’avoir un mauvais époux, qu’un copain qui soit gentil ».
Ce qui voudrait dire également d’une autre manière : « Être mariée à quelqu’un qui nous fait souffrir est mieux que d’être encore célibataire ».
On vous dira qu’ici on a nos coutumes, notre culture ! Par conséquent, il ne faut pas tout dire !
Cela se résume à : « Tout ce qui se passe en famille, reste en famille, quel que soit le degré de gravité de la chose ».
Seulement, comment peut-on accepter de fermer les yeux sur certaines choses, en être complices, sans se mettre une seule fois à la place de l’autre, cette personne qui subit et qui doit se résigner à souffrir en silence ?
Je vous avoue que c’est la question qui me trotte sans arrêt dans la tête !
Je finirai avec le cas des agressions provenant de l’entourage, en particulier du voisinage.
Aminata est étudiante à Bordeaux, venue en vacances au Sénégal pour voir sa famille, elle se fera agressée par le fils du voisin un soir ( cagoulé afin que personne ne le reconnaisse) alors qu’elle revenait du restaurant avec sa cousine.
Il emportera son sac à main, pensant qu’il contenait beaucoup d’argent, parce qu’elle vient d’ Europe.
Heureusement on avait réussi à mettre la main sur le lui, et à le démasquer !
Le père d’Aminata décida de porter plainte, mais la famille de celui-ci lui avait demandé de ne pas le faire, de fermer les yeux là-dessus, parce qu’il fallait s’entraider entre voisins. Il finira toutefois par déposer sa plainte.
Je pense que tant que beaucoup de choses continuent à être tabous dans la société africaine en termes de viols, de violences conjugales, que les coupables restes impunis de leurs actes parce que certains préfèrent se taire et incitent les victimes concernées à suivre la même voix, l’hypocrisie ne fera que perdurer.
Lorsqu’on pense vouloir sauver l’honneur de sa famille, en choisissant d’opter pour le silence, pendant que les véritables personnes concernées doivent vivre avec leurs lourds secrets, on ne fait que davantage engendrer le mal.
Chacun devrait prendre conscience que celui qui viole, ou qui demeure violent, reste à jamais un véritable danger pour la société !